Il y a deux ou trois ans, sur les conseils de ma soeur, j’ai pris rendez-vous avec Gwenn Libouban. Mi-magicienne, mi-réflexologue, je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mis à part le fait que c’était un bon moyen de me calmer et faire circuler mes émotions.
C’est donc avec beaucoup de surprise que pendant cette première séance, alors que Gwenn me touchait les pieds, j’ai pu sentir mes lombaires, mes intestins, mon coeur et ressentir mon corps d’une manière totalement inédite.
Puis je retourne la voir cet été juste avant le lancement de mon premier gros projet solo de développement personnel, ma formation en ligne. Ça fait plusieurs jours que je n’arrive pas à respirer, que j’ai mal au ventre de stress et que je m’imagine finir assaillie par les avis négatifs de mes clients sur Internet.
A peine a-t-elle touché mon pied que Gwenn me dit qu’elle a l’impression que j’ai un éléphant assis sur ma cage thoracique. Et plus on avance dans la séance, plus elle m’explique ressentir que tout mon corps est en train de me crier un gros Mayday et que tout le monde est au bord de la faillite.
Pourtant je ne sens rien. J’ai l’impression que ça ne fait que quelques jours que je suis stressée, mais rien de fâcheux. Surtout que je suis convaincue d’être hyper à l’écoute de mes ressentis, et que s’il y avait un problème, je m’en serais rendue compte.
Jusqu’à ce qu’elle me dise qu’elle a la sensation que je ne vis plus que dans ma tête et que j’ai complètement déserté mon corps. Je suis d’abord un peu dans le déni mais l’image de ces derniers mois passés à vivre sur mon ordi et à ne sortir que pour faire les courses revient en force.
C’est vrai que ces derniers mois, j’ai développé une forme d’anxiété sociale. Que j’ai préféré mon imagination à la vie réelle, que je me suis jetée corps et âme dans le travail, que j’étais stressée à l’idée de répondre au téléphone, que je me suis isolée et que s’il n’y avait pas un écran ou un livre, je ne savais pas trop quoi faire de ma carcasse.
A la fin de la séance, Gwenn m’a simplement dit « maintenant que tu as exploré, va t’amarrer ». Sans le vouloir, elle venait alors de ressortir du fond des abysses une de mes plus grandes peurs dont je n’avais absolument pas conscience : ma peur de l’ancrage, que j’associais alors à l’ennui, au calme et au vide.
Cette expérience a été tellement puissante pour moi que j’ai aujourd’hui envie de la partager avec vous. J’ai donc posé quelques questions à Gwenn pour mieux comprendre la réflexologie et comment la lecture de nos pieds peuvent nous apporter autant de réponses sur notre fonctionnement mental, émotionnel et psychologique.
Bonjour Gwenn et merci beaucoup d’avoir accepté de répondre à mes questions. Comme je l’ai expliqué, j’ai vécu une expérience très intense lors de notre dernière séance. Mais pour ceux qui ne connaissent pas encore, peux-tu nous expliquer ce qu’est la réflexologie ?
La réflexologie est une discipline millénaire issue de médecine chinoise traditionnelle. En Occident, ce n’est qu’au début du 20ème siècle que des médecins américains découvrent que la pression de certains points du pied a des répercussions sur des zones précises du corps.
Eunice Ingham est l’auteure du premier traité de réflexologie moderne, dans lequel elle établit une cartographie détaillée des pieds. La réflexologie plantaire vise à activer le processus d’autoguérison du corps. A chaque zone du pied correspond un organe ou une fonction du corps humain.
En stimulant manuellement ces zones réflexes, il est donc possible d’agir sur les organes ou les fonctions qu’elles représentent. Cette technique de digitopression soulage le corps par le pied. Mon travail de réflexologue consiste en une lecture très précise du corps physique, mais aussi du corps émotionnel et énergétique à travers ces zones réflexes.
« Les tensions et noeuds du corps que je capte à travers les points réflexes peuvent également être des tensions psycho-émotionnelles cristallisées après un choc. »
Alors concrètement, qu’est-ce que tu vas trouver dans nos pieds ?
Je vais minutieusement faire le tour des points réflexes des pieds pour identifier les zones de déséquilibre. Le protocole et l’enchaînement du traitement est sur mesure, adapté a chaque personne. Je vais sentir sous mes doigts différentes sensations : des grains de sable ou une sensation de vide ou un noeud, ces différentes informations vont orienter mon toucher et l’intensité de stimulation.
Les points de réflexologie correspondent à des endroits extrêmement précis du corps comme une vertèbre, un nerf crânien, une glande ou un organe. En explorant une terminaison nerveuse du pied, je vais recevoir des informations sur la zone du corps qui correspond et je la traduis en langage symbolique.
Cela m’aide à me concentrer sur une zone, à tenter de la décrypter, de comprendre, de traduire ce qui se raconte sous mes doigts. Je peux faire appel à une image, comme quand je t’avais dit que tu avais un éléphant sur la cage thoracique. Je peux penser à une odeur, de la couleur, un son ou plus surprenant, je vais connecter à des mémoires, c’est comme un film animé.
En effet, les tensions et noeuds du corps que je capte à travers les points réflexes peuvent également être des tensions psycho-émotionnelles cristallisées après un choc. Grâce à ces informations, je canalise mon attention sur ces zones précises pour libérer la charge et ainsi soulager la personne de la manière la plus adaptée.
Est-ce que le toucher s’apprend ?
Ce qui est étonnant dans l’histoire du toucher c’est que c’est un sens qui n’est pas tellement exploré dans notre société alors qu’il est révélateur d’un monde absolument incroyable. Moi ça m’a toujours attiré. Par exemple, j’étais incapable enfant de me concentrer à l’école si je ne touchais pas un stylo ou quelque chose.
Alors bien sûr comme pour tous les sens, on peut avoir un don mais je pense qu’un don c’est avant tout beaucoup de travail. Après on est plus ou moins doué et connecté. Je suis allée dans ce métier au hasard et je suis encore aussi fascinée aujourd’hui.
C’est un petit miracle à chaque séance. Il m’a fallu du temps pour que ce langage se crée et se développe. Je suis à la base très cartésienne et ça peut être très frustrant de ne pas réussir à verbaliser quelque chose qui est non-verbal et de l’ordre de la sensation. Me construire cette palette d’associations entre le toucher et mes interprétations ou m’autoriser à utiliser ces nouveaux outils a pris beaucoup de temps.
J’ai beaucoup de clients qui associent la légitimité à la perfection et qui par conséquent ne se lancent jamais. Comment as-tu consolidé ta légitimité dans ta pratique de la réflexologie ?
La légitimité se met en place au fil du temps et de l’expérience. Pendant longtemps, j’ai écouté le retour des gens et au début j’étais parfois surprise par les effets de ma pratique de réflexologie. Ce qui m’a aidé, ça a été de comprendre qu’on est deux dans la relation thérapeutique : je fais appel au dialogue d’une part et à la circulation énergétique d’autre part.
Il y a donc deux énergies en mouvement, celle du patient et la mienne. Cela permet au fil des séances de faire émerger le sens et la prise de conscience. Les mystères de cette thérapie sont devenues plus évident avec le temps mais je ne me dis jamais que c’est gagné. Et à chaque nouvelle séance, il y a une part de moi qui ne sait pas comment ça va se passer et quelle sera l’issue. Ce sont des histoires de vie qui se racontent donc rien ne peut être anticipé.
« Les gens n’osent plus être seul avec eux-mêmes. Ils ne sont plus dans leurs corps physique ; leur corps devient une coquille vide désinvestie. »
A partir des clients avec qui tu travailles, peux-tu dresser un bilan émotionnel de notre époque ?
Oui, même si j’ai des profils très différents, il y a quand même des éléments récurrents. J’ai beaucoup de patients qui ont aujourd’hui quarante/cinquante ans et qui ont évolué dans une société du devoir. Toute leur vie a été dirigée par des centaines d’injonctions qui ont créé chez eux un énorme sentiment de culpabilité et d’insatisfaction : « ce n’est jamais assez bien ».
L’arrivée et l’usage d’internet a amplifié le phénomène ; les mails arrivent à n’importe quelles heures du jour et de la nuit, tu as de moins en moins de temps pour traiter les informations. C’est un monde qui n’a ni temps, ni espace, ni fin. Donc si tu n’as pas pu poser ta propre identité, ton propre espace-temps et tes propres limites, tu es constamment baladé avec la sensation de toujours devoir en faire plus.
Tu arrives au burn-out et tu te prends le mur car la vie trouvera toujours un moyen de te rappeler les règles de base : jour/ nuit, bien manger, bien respirer, bouger, se reposer …
Les excès et « les sorties de route« je les constate en réflexologie sur le point de la rate. C’est l’organe siège de l’âme, de l’identité et des limites : à quoi je dis oui, à quoi je dis non ? C’est aussi l’organe qui gère l’espace-temps. On dit par exemple courir comme un dératé pour parler de quelqu’un qui court sans limite.
Et en réponse à cela se profile une réaction inverse. Des personnes qui s’écoutent mieux et commencent à s’occuper d’eux avec bienveillance. Elles changent de système de vie. Ces personnes se détournent de la surconsommation, de la soif de statut social ou de l’image extérieure qui ne les rendait pas forcément heureux. L’équilibre physique, psychique et énergetique devient une priorité pour donner du sens à leur vie.
Pourquoi penses-tu qu’à notre époque, vivre ancré dans son corps soit aussi anxiogène ?
Parce que les gens n’osent plus être seul avec eux-mêmes. Ils ne sont plus dans leurs corps physique ; leur corps devient une coquille vide désinvestie. Mais le problème c’est que si on ne se met pas à l’intérieur de soi, on laisse les autres s’y mettre : on est envahi et on envahit à notre tour.
Pour répondre à ta question, je pense que ce qui fait que c’est difficile de s’incarner à Paris, c’est qu’il y a beaucoup d’endroits du quotidien vides d’énergie. La nature est absente et c’est auprès d’elle que l’on se ressource le mieux. En ville, le bruit, le manque d’horizon, fait qu’on perd plus d’énergie qu’on en reçoit et que se ressourcer demande un effort supplémentaire.
Parce qu’il faut trouver le bon endroit, se déplacer, braver la foule, les transports en commun etc… Donc naturellement, on va tous vers la facilité des écrans et du virtuel. Mais on a tout à y perdre.
As-tu une solution pour se réancrer ?
Moi ma solution, c’est de ramener par la réflexologie les gens dans leurs pieds. Tout est une histoire de polarisation et d’équilibre. On est tous dépolarisés parce qu’on est trop déconnecté du réel. On a un trop-plein d’énergie électrique, énergie négative qui rend malade, et pas assez de d’énergie magnétique, énergie positive qui soigne.
Et si on a plus de prise de terre, on prend la foudre et on se rend malade. Donc évidemment, ça peut se faire physiquement par les pieds, mais aussi en aiguisant nos systèmes sensoriels et émotionnels afin de savoir trouver notre propre chemin.
Mais parfois c’est tellement difficile de faire ce qui est bon pour soi…
On ne peut pas se dessaisir de la responsabilité de prendre soin de soi et de son énergie. C’est à la fois notre liberté d’être et sa condition. Il faut poser des choix de vie pour soi. A contrario, on vit actuellement dans une société de plus en plus sécuritaire.
A partir du moment où on demande à la société d’être garante de ta sécurité, de ta santé et de ton confort, quelque chose ne va pas dans le bon sens. On demande aux autres de nous sécuriser parce qu’on n’a pas envie de le faire nous-même.
Donc pour toi l’ancrage est quasiment un acte militant ?
J’ai du mal à voir une société où l’individu est de moins en moins engagé. La vie c’est dangereux, c’est vrai. Mais j’ai été élevée en entendant que la liberté était la plus grande force au monde.
Et ce n’est qu’en étant dans notre force d’individu qu’on peut affronter la vie. C’est en étant le plus incarné possible qu’on devient libre de ses choix. Mais ça nécessite de réapprendre le temps et de sortir de l’immédiateté pour se retrouver, être amarré à la terre et retrouver notre moi profond. C’est le seul moyen d’arrêter de chercher à l’extérieur ce qu’on a en nous et de ne plus se faire balader par la vie.
Merci beaucoup Gwenn d’avoir partagé avec nous cette inspirante leçon de vie. Je vous conseille donc à mille pour cent d’aller tester la réflexologie où que vous soyez. Et si vous souhaitez réserver une séance avec Gwenn, rendez-vous à Cancale ou sur le site des Maisons de Bricourt.
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